BONJOUR !!!
Long time no see ! (ça faisait longtemps !!)
Depuis Octobre en fait. Les mois avant de partir ont été assez mouvementés,
voilà pourquoi je n'ai pas donné de nouvelles ici ! (Par contre vous en aviez sur ma
page Facebook... vous savez ce qu'il vous reste à faire !!).
Voici un petit article que j'ai écrit pour vous expliquer ce que je fais actuellement.
Ça s'appelle du microbusinessing. (-ing, parce que c'est mon activité dont je parle ;
ex prof d'anglais. Faites moi confiance sur la grammaire!)
Les joies du Microbusinessing
(Microbusinessing for beginners)
C'est un fait avéré que le visage du commerce, et des affaires, a changé de manière
drastique ces 20 dernières années, en France et partout ailleurs.
C'est dû à l'avènement d'Internet, et à une révolution dans la manière de consom-
mer des individus. Je n'ai pas fait d'études de commerce, donc je laisse à qui de droit
le loisir d'évaluer par d'innombrables et ennuyeuses statistiques, les comportements
d'achat du client moderne.
Personnellement, je suis de l'autre côté de la barrière. Du côté des dirigeants.
Étant issue d'une famille d'industriels, qui ont pris à bras le corps l'entreprenariat
pour construire une SARL tout ce qu'il y a de plus classique, j'ai toutes les peines
du monde a expliquer à mon entourage ce que je fais depuis un an, bien qu'en réalité,
je fasse a peu près la même chose qu'eux, ayant démarré une entreprise individuelle
depuis janvier 2015.
J'ai des clients, un local d'entreprise qui est mon habitation, un local ou j'ai mon
stock, je commande des fournitures et je fabrique, et j'ai un business plan. Quoi
de plus naturel pour une entreprise ? Vous me direz, tout est normal.
Pas du tout.
Je fais du Microbusinessing.
Qu'est-ce que c'est ? C'est la même chose qu'en grand, mais c'est en tout petit.
Pour l'instant, l'entreprise emploie une personne : moi. Coûts des employés : réduit.
Je fabrique en grande quantité, disons plusieurs collections par an, de bijoux et de
meubles, comme n'importe quelle marque de mode ou de design. Mes pièces sont
fabriquées soit en pièces uniques, pour le design de meubles, à partir de meubles mis
au rebut. Je ne fais que du recyclage, pas de fabrication pour les meubles, le plus com-
pliqué que j'aie fait étant de la tapisserie en siège. Pour les bijoux, je produis 3 à 4
pièces par jour. Certains peuvent être reproduits a l'infini, d'autres sont des pièces
uniques. Je crée des pièces amusantes, à partir de matériaux simples et naturels, ou
à partir de matériaux surprenants.
Jusque là, pas vraiment de différence entre moi et une auto-entreprise.
A part peut être, l'ambition, l'absence de frilosité, et de prudence. Car le statut
d'auto-entrepreneur est un statut frileux. Si j'avais voulu être une petite entreprise,
j'aurais choisi ce statut, et j'aurais patiemment attendu que mes petits chaussons
deviennent, avec de la chance, des grandes bottes.
Mais, je n'ai pas le temps d'attendre.
J'ai déjà toute une autre carrière derrière moi, dans le professorat, que j'ai laissée
avec grand plaisir derrière moi. J'ai donc déjà eu mes petits chaussons, qui ne sont
jamais devenus de grandes bottes. Les raisons sont discutables, mais le résultat est
le même : décevant.
Pour mon entreprise, j'ai choisi au contraire, de prendre des risques.
Car le Microbusinessing, est pour moi la seule voie possible vers un macrobusiness,
qui soit moins figé et "raide" que l'entreprise traditionnelle, et qui soit parfaitement
adapté à son environnement.
Une entreprise plus souple. Plus flexible. Adaptable. Révisable. Avec une empreinte
personnelle plus forte, et une identité propre partout où elle s'implantera. Avec
surtout un respect énorme, pour les pays et les cultures qu'elle valorisera.
Pas d'impérialisme économique.
Pour la mondialisation, vous avez le choix. Soit vous proposez un produit, que le
monde entier va vouloir. Vous développez des franchises, vous construisez des
stores et des boutiques partout a l'identique, qui proposent le même produit.
Exemple : du café avec du lait, hors de prix dans des contenants très polluants.
Inutile de citer des noms... Exemple : des produits de beauté pour visage et cheveux,
prisés par les stars de cinéma. Une belle "réussite" française.
Le monde est englouti sous vos produits au bout d'un moment, car vous ne
savez que vous promouvoir et vous développer à l'identique, comme du clonage
de boutique, ou de produit.
Avec le microbusinessing au contraire, on peut se développer de manière bien
plus subtile, mais tout aussi ambitieuse. C'est un peu comme si au lieu de fabriquer
une paire de bottes, pour reprendre la métaphore, (que vous essayez de refourguer
a tout le monde, même aux pays chauds qui n'en n'ont pas besoin), vous proposiez
à chaque marché, à chaque région, de lui fabriquer la chaussure qui lui va. Asie :
des tongs. Amérique du Nord : des chaussures a semelles. Afrique : des sandales.
Et ainsi de suite.
Donc, qu'est ce que je fais, moi ?
Du microbusiness. Je fabrique en petite quantité, des articles qui seront fabriqués
dans mon entreprise de manière éphémère. Dans ce type d'activité, il y a très peu
d'accumulation de savoir faire, à part les bases, car chaque nouvel article ou
presque pose des problèmes techniques, qui ne se sont jamais posés auparavant.
C'est le propre du design d'avant garde, qui n'a presque rien a voir avec un métier
d'art, ou les gestes se précisent et se peaufinent au fil du temps chez les artisans,
pour arriver à la perfection. Le designer d'avant garde ne sait pas ou il va. Il essaie.
Parfois ça rate, et parfois ça réussit superbement. Mais il ne le sait jamais à l'avance.
Chaque jour des nouveautés, qui sont nouvelles pour le designer lui même.
L'entreprise ne va donc jamais fabriquer la même chose.
Elle ne va même jamais le fabriquer au même endroit !!
C'est possible, car le propre du microbusiness, est d'avoir une toute petite structure,
qui est facilement implantable, exportable et recréable n'importe ou. C'est l'expérience
que je mène cette année, en partant exercer mon activité pendant 3 mois à l'étranger,
en Thaïlande. Outre donner un ulcère à ma comptable lorsqu'elle devra faire mon
calcul de TVA, cette expérience est très enrichissante, non pas en espèces
sonnantes et trébuchantes, mais en matière de qualité de travail et de qualité de vie.
J'y suis actuellement. Qu'est-ce que j'y fais ?
- Je fais l'expérience de gérer mes échoppes ou e-shops internet à distance : Check.
Si vous avez une personne, ou plusieurs, en qui vous avez une confiance absolue,
à qui confier votre stock, banco. Ça marche. Vous gérez la relation clientèle, l'inter-
face et la liaison avec votre stock. Il vous suffit d'une bonne connexion en wifi, et
d'un ordinateur personnel.
- Je créé une collection de bijoux inspirée par la Thailande, à destination d'une
clientèle française et d'une future clientèle Thaï, ou asiatique.
- Je créé une collection de bijoux inspirés par la Birmanie, le pays voisin, même
fonction. Même ambition.
- Je me créé un stock de fournitures soit destinés à la revente (tissus, perles, tout ce
que je trouve d'original), France et monde, soit qui enrichiront ma création plus tard.
- Je recherche des partenaires qui aimeraient distribuer mes bijoux / ou être une
plateforme pour stocker mes meubles, et / ou les distribuer, en Asie.
- J'y étudie les mœurs habituelles des Thaï et des Birmans, leur architecture,
leur religion, leur mode de vie, les faux pas, le mode de commerce, les habitudes,
afin de créer pour eux des pièces qui marcheront.
- Et enfin, le plus important pour un chef d'entreprise de microbusiness, qui
souhaite microbusinesser dans tous les pays du monde jusqu'à ce que sa marque
soit internationalement reconnue : je bronze. Je dors. Je mange des plats de reine,
vous n'avez pas idée. Je travaille sans avoir l'impression d'y laisser ma peau, ma vie,
et mon plaisir. Et ca, ça change de ma carrière d'avant ...
Quels sont les problèmes liés au microbusiness ?
- Vous achetez en très petite quantité, à cause de la nature de votre production :
résultat : obligée d'acheter au détail au lieu d'acheter en gros, ce qui limite davantage
votre budget.
- Quand vous partez acheter des matériaux, vous ne savez pas ce que vous allez
ramener. Ça dépend du pays, du marché, de la région, de la place dans votre sac
à dos ...
- Vous êtes obligée de voyager avec vos pièces dont la création est en cours, ou
juste terminée.
- Vous pouvez renvoyer une partie de vos achats à vos stockistes et a votre base,
mais cela constitue un budget postal parfois conséquent, avec le risque de perte
des colis, et donc des collections ou matériaux.
- On vous prend très rarement au sérieux, surtout si les gens sont de la génération
qui connaît le lourd fonctionnement de l'entreprise traditionnelle et ne raisonnent qu'en
milliards de tonnes de matériaux.
Si vous ne voulez prélever que 3 planches de bois, on vous propose à la place
d'acheter 3 stères. Les devis des transports de vos pièces qui vous sont proposés
par les gros transporteurs vous semblent être des plaisanteries...
- Vous risquez d'avoir un bilan carbone important, à terme. Mais vous risquez aussi,
de réussir à vous développer dans chaque pays de destination, pour vous asseoir
enfin sur un confortable revenu, avec la conscience claire, loin des sweatshops des
marques traditionnelles. Car vous, vous allez microbusinesser, en respectant les lois,
la sécurité, et en employant un nombre réduit de personnes et en leur permettant
avant tout d'assurer leur confort, et la pérennité de LEUR culture. Pas la vôtre.
- Enfin, un des problèmes GRAVES, du microbusinessing : vous ne pourrez plus
jamais vous plaindre.
Car votre vie de rêve, travailler dans des endroits fabuleux, prendre votre petit
déjeuner sur la plage, dormir dans des hôtels magnifiques, et rencontrer quoti-
diennement des gens extraordinaires, vient de commencer ...
Youpiii !!
Longue vie au microbusinessing, et à tous ceux qui font, ou vont faire,
comme moi. Vous pouvez. Pour donner à l'économie, au commerce et au design,
un visage plus humain, et mettre à l'honneur les richesses des cultures au lieu
de les écraser en une seule et même bouillie commerciale sans âme.
Bon microbusinessing !!!
Votre Saucisse, ex normalienne, ex professeur d'anglais,
entrepreneur et designer au parcours atypique, et happy microbusinesseuse !
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The Sausage, adresse www.sausagejewels.com, et sur Etsy. The Sausage est présente sur
Facebook, et Instagram. Mes meubles sont vendus sous la marque SophieLDesign,
sur mon site personnel www.sophieldesign.com, et sur Etsy,
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mercerie, à l'adresse www.saucissemercerie.com .
Enfin, découvrez la nouvelle marque de bijoux / décoration naturels que je
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Mes photos de voyage, sont visibles sur mon instagram Streetsausage
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Ps : Cet article a été écrit dans un train de nuit, entre Bangkok et Suratthani. Très confortable, et climatisé, merci !!