Paris en novembre, le soleil darde ses rayons comme à
l'accoutumée (gnh) et les petits oiseaux picorent
une nourriture abondante et saine (ici je crois un mouchoir
en papier, re-gnh). Tout n'est qu'affaire de perspective,
voyez-vous, car Paris est "la plus belle ville du monde",
première destination touristique, (c'est donc que le soleil
n'est pas vendeur), et pour le climat si vous parlez avec
Tim Burton il vous dira qu'il y fait un temps radieux.
Pour une fille qui aime la couleur, comme moi, et les con-
trastes, Paris n'est peut-être pas la meilleure destination...
C'est pourquoi en Saucisse avertie je pars à la recherche
de mon shoot de couleur, mon fix de Kitsch, celui qui
nourrira mon oeil de créative.
Et cette fois, les petits amis, je ne vais pas être déçue ...
Baba Bling !
Sous une pluie battante, avec juste un pull à capuche,
car je ne pensais pas que la ratp serait mesquine à ce point
de situer l'entrée du musée du Quai Branly loin de la station
de RER, (mais que nenni) sous une pluie battante, disais-je,
j'aperçois l'objet du désir !
Une expoooo, sur les PERANAKAN.
Les quoi?
Les PE-RA-NA-KAN.
C'est clair nan? Vous comprenez pas le malais?
Bon en fait moi non plus je connaissais pas ce mot avant
de voir l'expo. J'avais juste vu une affiche dans le métro qui
disait ça, "Signes intérieurs de richesse à Singapour", et ça
me disait bien d'y aller, car Singapour j'y suis pas retournée
depuis 2007, et je pensais qu'il y aurait des meubles très
ouvragés à y voir, avec des tas de compartiments, etc, un
peu comme les meubles chinois laqués.
En fait, c'était une grande surprise, car ce qu'il y avait le
plus dans l'expo, c'était des pièces de service de table en
porcelaine, des vêtements, des bijoux.
Peranakan, ça veut dire personne qui n'est pas originaire
de Singapour mais qui s'y est implantée. En fait, ça veut
dire "né localement".
Il s'agit de familles riches, de notables, qui ont au fil du
temps mêlé des influences européennes, chinoises
et malaises (de Malaisie) avec les us et les coutumes
de Singapour. Ils avaient toute une série de rituels
propres à eux seul, un style de maison et de mobilier
particulier, des vêtements traditionnels et un vocabu-
laire singulier. Dans leur maison, tout était réparti de
manière symétrique, signe de prospérité, et ils faisaient
de grands repas autour de tables longues, alors que la
tradition chinoise veut qu'on partage des repas festifs
traditionnellement autour de tables rondes.
Bref, ils faisaient tout pour se faire remarquer, ceux-là.
Et encore aujourd'hui, figurez-vous.
Ça a été un véritable choc délicieux de découvrir les cou-
leurs et les motifs kitsch de leur vaisselle, avec surtout
l'utilisation du vert turquoise trrrrès soutenu en binome
avec le rose sur tout, de la robe de mariée aux tentures,
aux escarpins, aux draps de lit, aux nappes; et je parie
que leurs sous-vêtements étaient turquoise et rose aussi.
C'est très très actuel, très kitsch, mais aussi très raffiné.
Moi qui me rappelle de Singapour comme d'un lieu ou tout
est rouge ... J'aurais dû regarder plus attentivement !
D'ailleurs je suis étonnée de n'avoir jamais entendu parler
des Peranakan avant. MERCI le musée du Quai Branly !
Merci M. Stéphane Martin, son président, et merci monsieur
Kensing Kwok, président fondateur du musée des Arts et
Civilisations asiatiques de Singapour. Je me précipiterai
dans votre musée la prochaine fois que je mettrai les pieds
là-bas. Apparemment, les Peranakan constituent l'essence
même de l'âme de Singapour. C'est donc que cette ville est
bien plus festive que dans mon souvenir !
Voici une famille Peranakan , en habits traditionnels et dans leur
intérieur.
Au fil du temps, leurs habits s'européanisent : le monsieur
porte un complet veston, (mais la personne au premier plan
porte toujours les petits escarpins rebrodés).
Une jeune nyonya singapourienne (nyonya = maîtresse
de maison) sur un siège curule. (Vous avez vu comme je
maîtrise de mieux en mieux la désignation "technique"
des meubles? Voui.)
Les meubles des peranakan sont très inspirés des meubles
chinois, ils sont de très grande valeur car souvent en bois
précieux, comme le teck ou le chengal de Malaisie, et ouvra-
gés à l'extrême, incrustés de nacre et dorés à l'or fin voire
pour les coussins brodés de fils d'or.
Vous avez vu le truc sur la console? j'ai toujours pas compris
à quoi ça sert. Il mériterait de figurer dans les objets du mois.
Leurs objets décoratifs sont travaillés avec une précision
intense, comme ce vase qui est entièrement recouvert de
minuscules perles...
Chaque tableau a son pendant, par exemple cette femme
en médaillon devait être accrochée symétriquement à un
autre médaillon avec une photo de son mari, au dessus
de la console.
Mais le plus beau chez les Peranakan à mon avis, ce sont
les associations de couleurs sur la porcelaine. Elles sont
magnifiques :
Ça change de la porcelaine chinoise bleue et blanche, hein?
plutôt, oui ! En fait, la porcelaine bleue et blanche existait
aussi, on l'utilisait au quotidien et les jours de deuil. Tandis
que la porcelaine rose, vert anis et jaune, était réservée
aux jours de fête.
On retrouve souvent sur la porcelaine le motif du phénix,
oiseau sacré, symbole de l'impératrice :
et la pivoine, fleur de la bonne fortune et de l'amour.
Chaque ustensile a un rôle bien précis, inspiré des rituels
chinois.
La petite soupière que vous voyez sur la table, ça s'appelle
un kamcheng. C'est un ustensile qui sert à stocker
du riz, de la farine, de l'huile... Les nyonyas en avaient pas
mal dans leur cuisine. Tous dodus, très colorés, moi j'adore
les kamchengs.
Plus il y a de bols plus il y a de convives ...
Ça vous plaît? Uiiiiiiii ! c'est trop beau.
Le souci du détail et la sophistication extrême se retrouve
dans les bijoux que portaient les Peranakan.
Ici, des pics de cheveux,
Des bracelets de cheville,
Une boucle de ceinture !
Ils étaient, je vous le donne en mille, incrustés de diamants,
de nacre, etc...
On passe aux habits : devinez de quelle couleur ils étaient?
Euh ... Je sais pas ... Vert et rose ?
Gagné !
Mais le plus trognon, le plus chou, le plus sexy, le plus
joli c'est sans doute les toutes petites mules rebrodées
des jolies Peranakiennes : on dirait des escarpins de
poupée.
Il y en a d'innombrables, tous plus ravissants les uns
que les autres, et certainement pas du 42. Berthe au
grand pied, va te rhabiller ! On n'a que du 35 !
Ceux là sont brodés en fil, certainement des escarpins de
mariage vu la complexité et les heures de travail.
Ceux-là, en perles ...
C'est marrant, j'en ai pris que des verts, alors qu'il y
en avait de toutes les couleurs. Je serais pas en train de
devenir Peranakan, moi?
Ceux-là, j'achète !
Vous auriez dû voir le mur d'escarpins, c'est un ravissement
pour l'oeil. (Je l'ai acheté en carte postale)
Ma tenue préférée, c'était celle du marié traditionnel
Peranakan. En fait, plutôt que de porter les tenues ajustées
des peranakaniennes (j'essaie), c'est comme ça que j'aurais
aimé m'habiller ! Ça a carrément de la gueule !
Ça ressemble aux habits traditionnels mongoles.
Hein ? Attila n'a qu'à bien se tenir. C'est quand même plus
classe qu'un complet-veston ! (Bon mais c'est sûr, faut faire
du deux. Ce qui n'est pas mon cas, huhu)
Et voilà les amis, c'est sur ces mots que s'achève notre télépor-
tation dans le temps chez les Peranakan.
J'espère que vous avez apprécié la balade, mais j'aimerais dire
que si vous habitez Paris ou la région, ou si vous passez par là,
courez voir l'expo, car en vrai c'est un régal pour les yeux.
Toutes ces couleurs flashy ça vous met en joie, et ça vous
donne envie de vous mettre à peindre des petits faons roses
et verts sur vos murs. (Si, si!)
Et puis, rien ne remplace une visite au merveilleux musée du
Quai Branly ...
Pour vous donner une idée, c'est comme ça à l'intérieur :
Je vous ai déjà dit que j'adorais les musées??
A bientôt les petits amis !
So6 Kamchenguée