Les gars,
Ça m'a pris du temps, mais je l'ai enfin découvert.
Qui? Pas Bambi. Flash Gordon.
Bon, je connaissais un peu la BD, mais le style un peu trop propre
sur eux et daté des dessins me laissait de glace, et je préfère de loin
les autres super-héros, dont il est un précurseur.
Mais pour ce qui est du film, je ne me doutais pas, en allant à la médiathèque,
pour emprunter mes 3 DVD hebdomadaires, que j'avais mis la main sur un
joyau intersidéral dans le domaine du kitsch, à savoir, Flash Gordon, le film.
(de Mike Hodges, NDLR)
En fait, il est resté à peu près 5 jours sur mon bureau, innocent, n'arrivant
même pas à capter mon attention à côté de La Route avec Viggo Mortensen,
et de je ne sais plus quoi, malgré un logo aguicheur à base de couleurs primaires
et d'éclair de Zeus qui déjà auraient dû me mettre la puce à l'oreille quant à
son potentiel. (D'ailleurs, je crois que c'est mon attirance pour le logo qui a fait
que je l'ai choisi à la médiathèque.)
En ouvrant le boîtier distraitement, après quelques jours et un grand
soupir d'ennui, un soir où il faisait déjà -15°, le DVD bonus audio
"bande originale par The Queen" a soudain éveillé toute mon attention.
Ah bon?
Sur le livret, une pléiade d'acteurs connus : Timothy Dalton, Ornella Mutti,
Max Von Sydow. AH BON?
Mais de quand il date, ce film? 1980. AH BON???
Mais comment ça se fait que j'en aie pas entendu parler, avant?
Bon sur ce, je me lance.
Chers lecteurs, jetons un voile pudique sur ce qu'il va se passer ensuite.
La pupille dilatée, j'ai d'abord regardé le début du film pliée en deux, en
voyant le héros dans sa voiture, attendant l'embarquement pour un vol
dans un avion privé qui va finalement l'emmener sur ... la planète Mongo,
en compagnie d'une fille tout droit sortie d'un film rose du dimanche soir,
en tous cas maquillée et habillée pour.
Mais en fait, il a fallu que je fasse des pauses, tellement je rigolais.
Oui car en matière de maquillage, ce n'est pas la fille qui gagne.
C'est Flash Gordon lui-même. Décoloré en blond platine, il bat réguliè-
rement des cils en gardant un calme olympien pendant que l'avion
s'écrase et que la jeune dame se pend à son cou, et c'est à se demander
s'il ne vont pas réussir à voler juste grâce à ses battements de cils,
en fait. En tous cas, il faut rendre justice au super-héro : il ne
vomit pas sur son beau T-shirt à son nom (T-shirt où il est inscrit "Flash"
en gros en rouge, ce qui permet assez rapidement de déterminer
qui est qui dans la distribution), et son mascara ne coule même pas.
Bravo, Flash.
Mais je sens que vous ne me croyez pas.
Mesdames, restez devant vos écrans. Car très bientôt, vous allez voir
Flash se battre en collants, et en marcel rouge, et ça pour une émotion
esthétique, ça vaut la Joconde.
Voyez donc.
Et le pire, c'est que quand d'autres tentent de l'imiter ça donne ça.
Ou ça, c'est au choix. Je décline toute responsabilité concernant la personne
qui se trouve sur cette photo, que je ne connais pas.
Bref, il y a déjà bien matière à passer un très bon moment si vous voulez
mon avis. Ajoutez à ça un des scénarii les plus affligeants qu'il m'aie
été donnés de recenser (pourtant je suis une grande fan de Dumb and
Dumber), une Ornella Mutti probablement tout juste majeure et ensorce-
lante de beauté, (elle n'est pas habillée, elle est juste moulée dans son
costume, et je défie tout homme de lui résister à cette époque, mais
comme vous vous en doutez, Flash, lui, y arrive. Le seul problème c'est
qu'à un moment sa régulière, la nana de l'avion donc, boit un philtre
qui lui permet de lire les pensées de Flash par télépathie, tandis qu'il
est dans ses bras à elle, vous suivez? ceux d'Ornella, et là c'est le
carnage. Bref, vous avez qu'à louer le DVD.)
(Notez au passage la sobriété du décor)
Le tout est réhaussé par des costumes qui hésitent entre le poilant
(au sens propre) et le navrant, comme par exemple celui de l'acteur
Brian Blessed (j'ai oublié son nom dans le film, probablement un truc
en -org ou en -ov, ou en -an), voyez plutôt :
Bien sûr, dans le film et malgré ses 120 kilos, il vole.
Gracieusement, ça, c'est une autre histoire.
Le plus gros du budget du film a sans doute été consacré à la boîte à
fards et à maquillage de l'empereur Ming, à savoir Max Von Sydow, le-
héros-qui-fait-peur-car-il-est-très-méchant-et-veut-détruire-la-terre, à
moins qu'on ait dû payer une fortune les dialoguistes.
Je dis ça, je ne sais même pas si ce métier existe dans le cinéma.
Ce qui est sûr, c'est qu'ils devraient l'inventer, et sur ce film, ils n'
auraient pas perdu leur temps à en recruter quelques uns.
Oui, car les répliques donnent à peu près ça :
"Oh mon Dieu Flash, ils veulent vous tuer !
- Ne vous en faites pas, je combattrai jusqu'à la mort !
(L'empereur Ming)
- Flash, tu vas mourir !
- Je suis prêt à mourir, si cela peut sauver la terre !
- Attention, Flash, derrière vous !
(Battement de cils)
- Hayyyyyyaaaaaaaaaaaaaahhhh ! je ne suis pas encore mort !"
Et ainsi de suite. On atteint vite une profondeur abyssale et il ne faut
pas lâcher son dictionnaire encyclopédique, de peur de ne pas comprendre
ce qu'il se passe à l'écran. Un peu comme un épisode de Candy.
Quant aux décors eh bah, c'est de ça dont je voulais vous parler.
On est proche du Nirvana du Kitsch, et je pèse mes mots. J'ai fait le tour
du monde et du kistch, j'en ai vu dans ma vie. Je suis fan des péplums.
Je parcours des kilomètres dans des villes au confins de la terre, juste
pour voir des trucs kitsch. Mais là, je me suis pris une raclée, je dois dire...
Une orgie de rouge et or, du voile un peu partout et de toutes les
couleurs, à faire pâlir Liz Taylor dans Cléopâtre, ou Angélique dans
Angélique et le sultan.
Des effets spéciaux à l'aide de pots de yaourts branchés sur des radiateurs,
le tout raccordé à des ventilateurs et pour le son, un bon vieil aspirateur-balai.
Pour la planète Mongo, pas de problème : beaucoup de carton. Si les sacs
poubelles "or" n'avaient pas été inventés, beaucoup de costumes de ce film
n'auraient jamais vu le jour.
Je ne vois qu'une solution pour vous convaincre que c'est LA trouvaille
de l'année, un petit extrait. Mais attention. Je dois vous avertir que vous
risquez d'être assez chamboulés par les effets spéciaux.
Et par les dialogues.
Voilà, je pense que j'ai fait mon travail sur cette terre en relayant le génie
de tous ces artistes, car le film a dû prendre du temps à fabriquer et à
tourner, sans parler de la mise en place des décors, qui a dû faire écouler
bon nombres de stocks d'aspirine en pharmacie, non seulement pour les
installateurs, mais aussi pour les spectateurs qui avaient vu le film sur
grand écran en rentrant chez eux. Et au passage, je salue les héros
inconnus qui ont réussi à emballer en emmenant une fille voir Flash Gordon
au cinéma un samedi soir en 1980. Car si elle est restée, après avoir subi
en votre compagnie une pareille daube intersidérale, c'est sûrement la femme
de votre vie.
Sur ce, je n'ai plus qu'une chose à ajouter :
- J'aimerais qu'on m'emmène voir Flash Gordon au cinéma un samedi soir.
- Et aussi "Oh well, who wants to live forever? ha ha ha ha ha ha ha ha "
Voilà.
Bon chemin, les amis !
Saucisse Flashette (comme les claudettes)
Bizzz